Organisation Économique du Diocèse


INTRODUCTION
Pour une économie réaliste, dynamique, coresponsable, rigoureuse et transparente : telle est l'idéologie qui nous anime dans notre cheminement économique. Il est important de souligner qu'en ce qui nous concerne, comme diocèse, les efforts d'émergence d'une économie doivent forcément aller de pair avec la promotion d'une ecclésiologie communionnelle et d'un développement intégral. Économie, pastorale et développement constituent, en effet, une visée commune. Si nous sommes convaincus que l'Église est notre famille, sa santé économique nous concerne tous. Ainsi, non seulement elle fait entrer de l'argent, mais la prise en charge matérielle de notre Église exprime aussi l'identité même de l'Église en tant que « famille de Dieu ».
C'est pourquoi, pour nous, l'économie n'est pas d'abord un problème d'échange de capitaux ou de techniques, mais un travail patient de transformation des mentalités, une révolution de la culture. Notre diocèse ne sera économiquement sain qu'à force de mobilisation en vue d'un renouveau de mentalité et d'attitude. Il convient de noter que ce Vade mecum n'est pas le seul document qui comporte des orientations et directives d'ordre économique à caractère normatif, d'autres existent et gardent leur valeur ; il est dès lors judicieux de les utiliser de façon complémentaire ; il s'agit, notamment, de : Vade mecum du prêtre diocésain de Boma; Commissions Diocésaines. Centre Pastoral Diocésain. Conseils Paroissiaux. Statuts-Attributions-Fonctionnement Directives ; Statuts et Règlements Intérieurs de certaines Institutions diocésaines (PDS, HGR/KA, HGR/KI, RTDN, Grand et Petit Séminaires); Directives épiscopales. Du reste, un Règlement d'entreprise sera établi pour les précisions concrètes. Ce Vade mecum est le fruit d'un travail de concertation depuis bien longtemps à divers niveaux : C.A.E. et Economat, Journées presbytérales, sessions et réunions, audits internes et externes, directives épiscopales. C'est un instrument d'usage interne et pratique. Vu sa mission d'être au service des principaux acteurs économiques du diocèse, ce Vade mecum est forcément appelé à évoluer tant dans sa forme que dans son contenu.
Avant de parler d'organes principaux dans notre organisation économique, d'unités de production, d'organigramme, d'attributions principales et de rencontres statutaires, ce Vade mecum rappellera d'abord les valeurs éthiques maîtresses indispensables pour la révolution profonde des mentalités.

1. VALEURS ETHIQUES MAITRESSES
Cinq valeurs éthiques nous paraissent déterminantes dans nos efforts de faire naître une économique diocésaine saine et durable : réalisme, dynamisme, coresponsabilité, rigueur et transparence.
1.1 Réalisme
Le rythme de vie quotidienne nous oblige à nous occuper des situations conjoncturelles : réponses ponctuelles aux impératifs journaliers. Néanmoins, la tension vers une économie durable nous pousse à scruter les causes profondes de nos difficultés économiques. Dans ce contexte, l'analyse sociale des situations est incontournable. Cette analyse nous permet de repérer les véritables défis à nos besoins réels, de les «prioritiser» selon l'importance et l'urgence de nos problèmes et de définir le plan d'action qui nous engage principalement et qui tient compte de nos possibilités. Il faut savoir choisir pour agir et renoncer pour pouvoir agir ; en d'autres termes, il s'agit de « faire la politique de ses moyens ». Dans le concret, trois actions principales s'imposent : réduire les dépenses au-dessus de ses moyens ; arrêter le phénomène de la disparition des biens de la communauté ; arrêter le phénomène du personnel pléthorique.
1.2 Dynamisme
« II n'y a de fatalité qu'à celui qui subit son histoire au lieu de l'anticiper ». Nous sommes capables de beaucoup, pourvu que nous ayons confiance en nous-mêmes. Le frein à notre croissance économique ne vient pas d'abord de l'extérieur, nous le portons principalement en nous-mêmes. Il faut transformer les mythes qui nous font rêver en problèmes qui nous font réfléchir, convertir les problèmes qui nous font réfléchir en énergies qui nous font agir, changer les énergies qui nous font agir en nouveaux motifs d'espérer.
Nous devons abandonner les sentiers battus et les certitudes acquises pour oser une autre parole, un autre projet d'être et d'agir. Il est nécessaire de rompre avec l'isolement ; au contraire, nous devons entrer dans un processus qui exige un travail reposant sur un système associatif et partenarial. Il est, en effet, indispensable que nous nous situions dans le monde comme d'authentiques partenaires capables de « transformer des rapports de forces et d'aliénation mutuelle en rapport d'amour et de compatibilité mutuelle », et de bâtir des « dépendances de solidarités et de créativité ». Sens d'initiative et de créativité s'impose ; une saine émulation est à encourager ; le marketing doit être promu. Chaque service de l'économie diocésaine est une cellule vivante, ouverte aux autres. Un va-et-vient d'informations et d'échanges doit exister entre les divers secteurs d'économie diocésaine et même avec des instances économiques en dehors de notre circuit économique. Ce dynamisme sera suscité et entretenu grâce à un effort d'éveil des consciences à travers un programme d'information, de formation et d'animation soutenu par une constante analyse sociale menée de façon critique.
1.3. Coresponsabilité
La coresponsabilité fait partie des valeurs prônées par notre thème pastoral dans sa symbolique culturelle de makuku matatu matelimina nzungu. Tous, nous devons nous sentir responsables de l'économie du diocèse. Nous éviterons la propension quasi maladive à nous adresser aux organismes d'aide pour tout besoin. Nous insistons sur le principe de « aide-toi, le ciel t'aidera » et nous aimons à rappeler ce proverbe chinois : « vaut mieux apprendre à quelqu'un comment pêcher plutôt que lui donner du poisson chaque jour ». La première question que chacun devrait se poser est celle de savoir ce qu'il apporte au diocèse et non pas ce que le diocèse lui apporte. Notre tradition est instructive dans ce sens, ainsi que nous pouvons le constater dans certains proverbes, notamment : nsinga usietolongo va kuma di ngana ko ; kiaku kiaku , kingana kingana ; kivanu kiyukutungu ko ; ngo didi kidi manzi, ngolo ziandi ka sidi ; mfiengo phuku, mbembo mosi ; simba ki ngiembo, simbasana. Pour favoriser le sens d'initiatives, les diverses unités de production fonctionnent avec une certaine autonomie, mais dans un rapport d'entraide mutuelle, de saine émulation et de concertation permanente en vue d'une visée commune. Si, inévitablement nous devons agir localement, il nous faut néanmoins penser globalement. Quand il y a des difficultés dans la trésorerie, il y a nécessité d'unifier toutes les actions économiques et financières pour permettre aux décideurs d'affecter les moyens aux besoins prioritaires et urgents.
Quelques directives pratiques relatives À la coresponsabilité
Questions importantes :
Pour une meilleure coordination, la subsidiarité doit être respectée. Chaque entité économique fait ce qui lui est demandé de faire. L'autorité supérieure n'intervient qu'en cas de défaillance manifeste du titulaire et donc il s'agit d'une suppléance. Lorsque le responsable d'une entité inférieure se sent incapable de répondre à la question qui lui est soumise, il se réfère à son autorité hiérarchique en lui donnant quelques éléments d'appréciation du dossier avec, au besoin, des suggestions utiles. Pour des questions générales ou importantes d'ordre économique, l'Évêque ou le Vicaire général traite avec l'Économe et au besoin, celui-ci se fait accompagner de l'un ou l'autre collaborateur selon le domaine abordé. Mais il est impératif que l'Économe partage avec ses collaborateurs proches les informations reçues de la hiérarchie, sauf contre ordre, et fasse exécuter les questions conséquentes par les personnes chargées de la matière concernée.
Situation financière journalière :
Chaque soir l'Économe, le Procureur et le Comptable Général doivent avoir la situation financière devant les yeux : ils se concerteront pour les actions économiques et financières à engager le lendemain, l'Évêque devant être informé s'il s'agit des questions importantes.
Comptes bancaires :
Le diocèse dispose divers comptes bancaires ; les uns liés à l'économat et les autres relatifs à des programmes précis. Ceux liés à l'économat sont gérés par l'évêque et l'économe. Ceux qui sont en lien avec des programmes précis sont gérés par l'évêque, et de façon conjointe par le coordinateur du programme et le directeur du bureau dont dépend le programme. La signature de l'Évêque est requise. Toutefois, pour Sainte Anne (Kinshasa), l'Économe peut signer seul.
Recherche des liquidités :
L'Économe contacte les financiers, après concertation avec le Procureur et le Comptable Général ou après l'avis de l'Évêque pour des sommes importantes. Le taux de la transaction est décidé en concertation entre l'Économe et le Comptable Général, compte tenu des orientations données par le Conseil pour les Affaires Économiques.
Autonomie des Unités de Production Ordinaires :
Le Responsable d'une U.P.O. peut effectuer des dépenses courantes urgentes et celles du fonctionnement journalier ; ces dépenses doivent être comptabilisées. Il propose à l'Économe, après avis du Comptable de son Unité, le montant du fonds de roulement pour son Unité, sur base d'un état des besoins. Une Unité de production qui peut démarrer ou redémarrer avec des fonds propres (don ou projet) acquiert une plus grande autonomie. Elle gère son capital, l'économat diocésain reçoit une contribution à définir en pourcentage selon le chiffre d'affaires de l'unité. Toute communauté ou service, même sans être une Unité de production à proprement parlant, est appelé à travailler à son autofinancement. Les moyens qu'une communauté ou qu'un service qui n'est pas une Unité de production, pourrait mettre en œuvre pour son autofinancement viennent normalement du budget propre et interne. Pour ne pas faire dépérir une U.P.O. rentable, l'Économe, en concertation avec le Responsable de l'Unité concernée fera tout pour répondre ne serait-ce qu'au minimum, au fonds de roulement, quitte même à recourir à un emprunt. Un autofinancement d'une entité, qui n'aurait pas des répercussions positives sur les produits du budget diocésain global est à décourager, car il est contraire à la solidarité et à la promotion collective.
1.4. Rigueur
Dans le processus vers une saine économie on cultivera nécessairement la rigueur dans la gestion des biens, des personnes, de l'ordre, de l'organisation et du temps. Il est indispensable de rompre avec le choix consumériste qui consiste à se contenter des biens manufacturés par d'autres sans se préoccuper d'en fabriquer.
Quelques directives pratiques relatives à la rigueur :
Ponctualité et présence au service :
Le personnel, selon les catégories, respecte les heures d'arrivée et de départ. Pour chaque catégorie du personnel, l'horaire de travail sera indiqué. A moins d'un cas de force majeure, les absences sont l'objet d'une autorisation par l'autorité compétente. Toute absence non motivée ou non autorisée est sanctionnée.
Les magasins et les librairies :
Les magasins et les librairies doivent être bien tenus, propres et ordonnés; il faut diviser les magasins et les librairies en compartiments selon les articles. On ne doit pas trouver n'importe quoi n'importe où. L'intérieur des magasins et des librairies est un lieu privé et n'y accèdent que ceux et celles qui ont le droit d'y accéder. Dans les magasins et les librairies ne se vendent normalement que des produits approvisionnés par le Responsable du Service. Tout autre article vendu nécessite un contrat écrit entre le propriétaire et le Responsable du Service, stipulant les droits et les devoirs des uns et des autres. On tiendra compte des contraintes économiques et fiscales. En tout état de cause, l'Econome et l'Évêque sont toujours tenus informés. Dans des cas importants leur avis est préalablement requis.
Les Centres d'Accueil :
Les chambres des Centres d'Accueil doivent être propres; dès qu'une chambre est libre, elle doit être tout de suite apprêtée. Le respect du Règlement Intérieur des C.A.G. est de rigueur.
Les bureaux de service:
La rigueur dans la tenue de nos bureaux porte sur
plusieurs points: accès interdit aux personnes étrangères au service sauf dans le cadre du service, interdiction d'effectuer aux heures de service et dans les bureaux les travaux des tiers ou personnels, éviter d'imprimer n'importe quoi, avec n'importe quelle quantité et en couleur.
L'emploi des véhicules de service:
L'emploi des véhicules de service ou de production est strictement suivi par le Responsable du Service qui doit toujours être prêt à fournir les données sur l'usage du véhicule en notant les sorties et les entrées, en km, avec pièces justificatives. Tous nos véhicules seront donc munis d'un carnet de bord, qui sera régulièrement contrôlé.
Le Service du personnel dépend directement de l'Économe. Celui-ci devra régulièrement faire part à l'Évêque de la situation concrète de ce Service.
1.5. Transparence
Il va de soi que la santé économique compte beaucoup sur la transparence des gestionnaires à tous les niveaux. La non transparence conduit à la confusion, au détournement et, parfois de façon involontaire, à l'oubli et à la perte des données essentielles pour une action économique importante.
Quelques directives pratiques relatives à la transparence:
Remise des comptes:
Chaque entité comptable remet sans défaut ses comptes dans les limites du temps imparti et selon le schéma prévu. Le non respect de cette directive révèle un manque de bonne gouvernance de la part du Responsable du Secteur concerné. Cela entraîne une sanction sévère, allant jusqu'à la suspension, voire même à la destitution. La paroisse qui ne remet pas ses comptes financiers au Comptable Général, celle qui falsifie ses comptes ou qui ne fait pas participer le Conseil Paroissial pour les Affaires Économiques à la gestion économique ne recevra pas la contribution financière du diocèse ni son éventuel appui matériel, y compris les recommandations des projets. Dans les cas répétés sans motifs valables, le Curé sera suspendu voire même révoqué.
Respect du bien commun :
Aucun agent n'est autorisé à s'octroyer un crédit par la caisse de son Service. Le manquement à cette règle est une faute lourde.
Tenue de la caisse :
Le Caissier évitera toute rature, surcharge et perte de papier ou feuille du livre de caisse.

2. LES ORGANES PRINCIPAUX
2.1. Administration Gestion Principale: l'Évêque
2.2. Modération de la Curie diocésaine: le Vicaire Général
2.3. Organisme de concertation épiscopale: le C.A.E. (Conseil Diocésain pour les Affaires Économiques)
2.4. Contrôle des structures et Vérification comptable: les Audits Interne et Externe
2.5. Administration Gestion Déléguée: l'Économe diocésain
2.6 Comptabilité Générale: le Comptable Général.
2.7 Procure: Procureur
2.8 Paroisse / Unité de Production
2.9 Responsable d'une U.P.O.
2.10 Comptable d'une U.P.O.
2.11 Caissier (ère) d'une U.P.O.
3. RENCONTRES STATUTAIRES
     L'Évêque réunit le C.A.E. deux fois l'an, pour deux jours chaque fois;
     L'Évêque réunit, toutes les deux semaines, le Vicaire Général., l'Économe, le Comptable général, l'Économe et le Procureur pour planifier la trésorerie;
     L'Évêque réunit, selon les besoins, les Auditeurs internes ;
     L'Évêque, selon les besoins, fait appel à un Audit Externe ;
     L'Économe réunit chaque semaine le Comptable Général et le Procureur;
     L'Économe réunit une fois le mois le Comptable Général, l’Économe Adjoint, le Procureur ainsi que les Responsables des Services;
     L'Économe réunit le personnel une fois le trimestre;
     L'Économe réunit périodiquement le Comptable Général, l'Économe Adjoint et le Procureur pour fixer le taux de change. .
CONCLUSION
La promotion d'une économie dynamique, réaliste, coresponsable, rigoureuse et transparente modèle inévitablement le visage de l'Église. Les contraintes matérielles devraient nous aider à réduire les distances sociales entre prêtres, religieux, religieuses et fidèles laïcs. Elles devraient nous faire prendre davantage conscience de la nécessité de travailler pour vivre et d'adopter un style de vie plus simple. Ce faisant, l'Église acquiert un visage plus fraternel. Il est important de noter que la construction d'une économie durable est un processus de longue haleine. Quelles que soient les initiatives concrètes des uns et des autres, la réalisation de l'autofinancement est une démarche laborieuse. Il ne s'agit pas de donner des recettes qui garantissent un succès facile. D'autre part, « malgré l'étendue, le poids et la pression des tâches à amener de front, la force de l'Esprit de Dieu qui nous guide, le courage de la communauté chrétienne, la merveille des semences évangéliques dont nous sommes le fruit, nous condamnent à grandir dans l'optimisme, l'espérance et la confiance ».

►Vade-mecum pour les principaux acteurs économiques de la base
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